Le Canal Lachine prend son Envol

Le Canal Lachine prend son Envol

jeudi 9 septembre 2010

Les plantes envahissantes: le phragmite commun

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous l'avez sûrement déjà vu, que ce soit le long du canal Lachine, d'une autoroute du sud du Québec ou de terres nouvellement défrichées. Le phragmite commun, ou roseau commun, est l'une des espèces végétales s'étant le plus propagées dans la province au cours des dernières années. Le phénomène inquiète les biologistes et dérange les agriculteurs. De quoi s'agit-il exactement?

Description

Cette grande plante forme de denses colonies dans les milieux humides (marais, berges, lacs, fossés le long des autoroutes) dont la tige dressée peut atteindre de 1,5 à 2,5m de hauteur. L'inflorescence est une grande pannicule plumeuse dont la couleur varie du jaune verdâtre au rouge brunâtre. La reproduction se fait de 2 manières:
  • sexuée, par la dissémination des graines;
  • végétative, par la propagation de rhizomes* et de stolons**.

On retrouve le roseau commun sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique. S'il est présent depuis 3000 ans en Amérique du Nord, ce n'est que depuis la fin des années 1950 qu'il a pris une expansion remarquable dans le sud-ouest du Québec. Par exemple, aux îles de Boucherville, sa progression a été fulgurante. Absente de la région en 1970, cette plante occupe maintenant près de 250 000 m2 et semble toujours en expansion. (1) C'est un génotype européen, donc exotique, introduit au cours des derniers siècles, qui cause cependant problème, en plus des perturbations des milieux naturels telles que le dragage, l'excavation, l'aménagement, etc. En effet, les sols remués sont le lieu idéal de la propagation du phragmite.

Impacts de la propagation

Flore

Les zones envahies par le phragmite commun sont souvent denses et impénétrables. Les multiples moyens de reproduction lui permettent de se reproduire en moyenne 3 fois plus vite que la végétation indigène. Il s'adapte facilement aux périodes d'inondation et d'assèchement tout en tolérant de grands écarts de température. Avec le temps, il modifie l'hydrologie des sols par évapotranspiration*** et parce qu'il forme une épaisse litière au sol qui est 3 fois plus épaisse que celle de la végétation indigène, recouvrant ainsi l'eau et empêchant la croissance d'autres végétaux. Par conséquent, cette plante très résistante, tolérante et agressive se classe parmi les espèces végétales envahissantes les plus difficiles à contrôler.


Faune

Les recherches ne peuvent pour l'instant pas statuer sur les impacts subis par la faune. Cependant, en se basant sur certaines observations, l'accumulation de la litière de phragmite et l'importante densité des rhizomes empêcherait les poissons de se déplacer dans les zones affectées. À preuve, le grand brochet fraierait 3 fois moins dans les marais envahis par le phragmite. À long terme, de plus en plus d'espace sera occupé par le phragmite, réduisant ainsi l'espace de frayage des poissons. Il en est de même pour les espèces d'oiseaux qui ont besoin d'eau pour nicher. L'unique intérêt que présente le phragmite pour la faune est l'abri, le seul qui soit en début de saison printanière. Autrement, quelques espèces de mammifères comme le rat musqué en mangent les rhizomes.

Solutions en matière de gestion et de prévention

Au Canada, l'utilisation d'herbicides est proscrite, ce qui pousse la recherche de solutions écologiques. Vu l'agressivité de la plante, la plantation ou la semence d'espèces indigènes près des sites de phragmite est insuffisante. Il faut plutôt excaver la zone de façon à en retirer tous les rhizomes et évacuer la matière excavée vers un site d'enfouissement ou, le cas échéant, une zone déjà envahie de phragmite. L'intervention doit se faire avant le mois d'août lorsqu'ont lieu la formation des graines et la germination. Puis, la zone excavée doit aussitôt être ensemencée ou plantée d'arbres ou d'arbustes. Une bande arbustive, aussi mince soit-elle, empêcherait le phragmite de s'étendre car l'ombre et la barrière physique créées suffisent à empêcher la progression des rhizomes et des stolons. Une autre technique, présentement testée, consiste à recouvrir d'une épaisse toile opaque les zones excavées et d'y semer un mélange optimal de graines de plantes indigènes pour inhiber la croissance du phragmite.

Définitions
*Rhyzome: Partie souterraine ou subaquatique de la tige qui contribue à la fixation de la plante dans le sol qui, en s'enfonçant dans le sol et en se ramifiant, permet la multiplication de la plante. **Stolon: Organe végétal constitué d'une tige aérienne qui pousse au niveau du sol et qui, au niveau des nœuds, donne naissance à une nouvelle plante. Lorsque la nouvelle plantule est autonome, le stolon meurt. ***Évapotranspiration: L'eau perdue dans l'air à partir à la fois de la surface du sol et des plantes.

Sources

BRILLANT, R. ET DUMONTIER, M. (30 janvier 2010). La semaine verte : Une menace, le roseau phragmite?, http://www.radio-canada.ca/ [En ligne]. http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2010/RDI2/LaSemaineVerte201001301801_1.asx Page consultée le 8 septembre 2010.

Godmaire, H. et Côté, S. (2006). Connaissez-vous cette espèce exotique envahissante ? Le roseau commun. http://www.nature-action.qc.ca/ [En ligne].http://www.nature-action.qc.ca/nature_action/pdf/Evee/Roseau%20commun.pdf

LAVOIE, C. (Juin 2008). Envahissement du roseau commun le long des corridors routiers : état de situation, causes et gestion, Études et recherches en transport pour le Ministère des transports du Québec, Gouvernement du Québec. http://www.mtq.gouv.qc.ca/ [En ligne]. http://www.mtq.gouv.qc.ca/portal/page/portal/Librairie/Publications/fr/ministere/recherche/etudes/rtq0802.pdf

Ministère de l’Agriculture, Pêcheries et Alimentation du Québec (2009). Gestion des mauvaises herbes : Phragmite commun. http://www.mapaq.gouv.qc.ca/ [En ligne]. http://www.mapaq.gouv.qc.ca/Fr/Productions/Protectiondescultures/mauvaisesherbes/fichesmauvaiseherbes/PhragmiteCommun.htm Page consultée le 19 juillet 2010.

Crédit photo: Jacques Brisson

Le Grand Nettoyage des rivages canadiens


Voici un petit message pour vous faire part d'une initiative de l'aquarium de Vancouver devenue un programme national, le Grand Nettoyage des rivages canadiens. Il a pour but d'inciter la population locale de tous les coins du pays à agir face à la santé de ses rivages en les invitant à organiser, annuellement, une grande corvée de nettoyage des berges près de chez elle.

Cette année, on invite la population à organiser ce genre d'événement dans la semaine du 18 au 25 septembre. À Montréal, une corvée aura lieu au Parc Angrignon, samedi le 18 septembre, de 9h30 à midi. On attend déjà près de 200 personnes, je vous invite donc à vous joindre à la fête!

Les corvées de nettoyage sont le lieux de découvertes de toutes sortes, tant de déchets inhabituels que de beautés naturelles! Elles permettent de se familiariser avec les habitats naturels qui nous entourent et d'en apprécier davantage la valeur au quotidien.

Pour plus de renseignements sur le Grand Nettoyage des rivages canadiens, visitez le site:
http://shorelinecleanup.ca/fr.